Le centenaire
Qui ne comptait plus les années :
Il disait : à quoi bon s’en faire,
Je suis mûr pour la cheminée !
Des feuilles, j’en ai bien trop lu
Que pourrais-je savoir de plus,
Si je passe un printemps encore
Auprès des autres sycomores ?
Alors il a laissé la froid
Engourdir lentement ses veines
Et mettre à vif toutes ses peines
Et clouer ses branches en croix :
Heureux d’aimer, mais las de vivre,
Pour la toute dernière fois
Il a fleuri dans le grand bois
Des milliers de perles du givre
Louis Delorme