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Eward aux mains d’argent

Par Courtin dans la catégorie

Les enfants de cinéma

 

Tim Burton, 1990, États-Unis, 103 minutes, couleurs.
Titre original : Edward Scissorhands.
Production : 20th Century Fox.
Producteurs : Denise Di Novi, Tim Burton.
Réalisation : Tim Burton.
Scénario :
CarolineThomson, d’après une idée originale de Caroline Thomson et Tim Burton.
Image : Stefan Czapsky.
Décor : Bo Welch.
Musique : Danny Elfman.
Montage : RichardMalsey.
Maquette et effets spéciaux : Stzan Winston Studio.
Interprétation : Johnny Depp (Edward), Winona Rider (Kim Boggs), Dianne Wiest (Peg Boggs), Anthony Michael Hall (Jim), Vincent Price (l’Inventeur), Alan Arkin (Bill Boggs), Kathy Baker (Joyce Monroe), Robert Oliveri (Kevin Boggs), Dick Anthony Williams (l’officier de police Allen).
Distribution : Fox

Résumé

Un soir de neige sur la ville, une vieille dame raconte à une petite fille l’histoire de la neige qui se confond avec celle d’Edward, un garçon qu’elle aima jadis. Il vivait dans un étrange château gothique, créature d’un Inventeur qui mourut en le laissant inachevé, des lames de métal à la place des mains. Peg Boggs, représentante en cosmétiques au grand cœur, l’y découvre un jour et le ramène chez elle. Peg offre au garçon une vraie place dans sa famille et bientôt Edward, malgré ou plutôt grâce à son étrange aspect, devient la folie de la petite ville : sculpteur d’arbres, tondeur de chiens, coiffeur extravagant… Mais Edward aime Kim, la fille de Peg, et Jim le petit ami de celle-ci le déteste. Le garçon éveille aussi la haine de Joyce, une voisine nymphomane qui voulait le séduire. Entraîné malgré lui dans une affaire de cambriolage, il est libéré mais bientôt tous se retournent contre lui. Sauf Kim, qui découvre combien elle tient à lui et Peg qui lui garde son affection. Attaqué par Jim, Edward le blesse de ses lames et doit alors rejoindre son seul refuge : son château. Là, dans un ultime affrontement, il tue Jim qui le menaçait. Kim n’a que le temps de lui dire qu’elle l’aime avant de fuir et de le laisser  mort officiellement pour toute la ville – à son éternelle solitude. Edward sculpte toujours végétaux et blocs de glace, faisant émerger de ses lames magiques des créatures de rêve, une Kim qui danse comme il s’en souvient et des flocons de neige…

Note d’intention

Quatrième long métrage de Tim Burton, Edward aux mains d’argent est un superbe conte poétique, inspiré par l’esthétique du cinéma fantastique. Mais sous la fable se dessine un portrait sans complaisance de l’American way of life et de son sinistre conformisme. La petite ville aux couleurs pastel (caricature des banlieues « middle class ») se révèle profondément sectaire et enfermée dans ses préjugés. Belle leçon de tolérance sur le respect de la différence, la parabole de Burton laisse la porte ouverte à de multiples interprétations : tout marginal (et le créateur rejeté par Hollywood en est un), toute minorité, a pu se reconnaître dans le personnage d’Edward.

Mots clé

Seul, ville, monstre, grandir, créateur/créature, exclusion, par la fenêtre, romantique, flash-back, neige, éveil amoureux, sculpture, peinture de mœurs, escaliers

 

Pour visualiser une séquence du film, clique ici:

Offrande des mains

 

Thèmes abordés

·  Le mythe de Frankenstein

Edward aux mains d’argent est un conte poétique inspiré des grands classiques du cinéma fantastique. Tim Burton revisite le genre en s’appuyant sur l’un des mythes les plus populaires, celui de Frankenstein. Ici, la créature est dépeinte comme un être pur et inoffensif. Le film souligne la dimension pathétique de son héros en le confrontant au monde cruel des hommes.

·  Une satire de l’Amérique

Tim Burton dresse un portrait sans complaisance de l’Amérique sous une forme ironique et grinçante. On passe facilement dans le film de la vie de la petite ville colorée et à l’évolution des personnages face à Edward.

·  Une réflexion sur l’exclusion

Il apparaît important à l’auteur de mettre en évidence le processus d’exclusion dont est victime Edward : après avoir été l’objet de curiosité, il se voit cruellement rejeté par ceux qui l’adoraient.. Chacun révèle son vrai visage(les réactions de chaque personnage face à la ” créature “) au fur et à mesure qu’avance l’histoire. La morale du film : une leçon de tolérance sur le respect des différences.

·  Un conte moderne

Edward aux mains d’argent est marqué par plusieurs influences : le conte, les mythes et l’esthétique du cinéma fantastique, le dessin animé. Le réalisateur a télescopé les genres pour créer un univers singulier entre rêve et réalité. Il utilise le fantastique pour parler d’aujourd’hui, prenant les thèmes des contes de fées pour les rendre contemporains.

·  Les déchirements de l’artiste

On peut interpréter le film comme une parabole sur la condition de l’artiste porté aux nues puis soudainement rejeté par Hollywood. Tim Burton jette un regard lucide sur le monde du cinéma en imaginant un être en décalage, comme lui, avec l’univers qui l’entoure. En attaquant le miroir aux alouettes que constitue Hollywood, il souligne les déchirements de l’artiste.