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VERDUN 2015

Par Aurore CINGET dans la catégorie Histoire Géographie

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Sortie pédagogique à VERDUN pour les 3èmes 3 et 4 d’Asfeld vendredi 27 novembre 2015 organisée par le professeur d’Histoire Mme Decarreaux accompagnée par

Mme Cinget, M.Barbreux et M.Robelin.

 

Chaque année ,les élèves de 3ème vont à Verdun pour étudier la bataille symbolique de la Première Guerre Mondiale. C’est l’occasion de faire de l’Histoire « sur le terrain » hors des murs de la classe et de visiter aussi un lieu de mémoire.

 

Au programme de la journée :

  • Le matin :
  • arrivée par la Voie Sacrée vers 10h
  • visite de la citadellede 10h 30 à midi:les élèves parcourent en wagons les souterrains de la citadelle et revivent des épisodes de la Première Guerre mondiale. La reconstitution de la tranchée est particulièrement impressionnante. Le parcours s’achève sur la cérémonie émouvante du choix du Soldat Inconnu.

–    avec le bus nous sortons de la ville de Verdun et nous montons sur les champs de bataille en   traversant les bois replantés sur la « zone rouge »

  • Vers 12h30,nous pique-niquons tous ensemble devant le fort de Douaumont.

 

  • L’après-midi ,la visite se poursuit en 2 groupes classe :
  • visite guidée de l’intérieur du fort de Douaumont: le guide évoque les combats et les conditions de vie terribles des soldats français et allemands dans le fort.
  • Puis visite extérieure du fort sous la conduite du professeur d’Histoire ;des élèves lisent des lettres de poilus encore plus émouvantes dans ce cadre aujourd’hui si paisible alors que les soldats y ont vécu l’enfer.
  • Visite du village de Fleury ,l’un des 9 villages entièrement rasés autour de Verdun : les élèves prennent la mesure des destructions causées par la bataille de Verdun et sont frappés par les cicatrices qu’en garde aujourd’hui encore le sol.
  • halte à la tranchée des baïonnettes :c’est l’occasion d’évoquer la transmission de la mémoire entre légende et Histoire.
  • la journée se termine avec la visite de l’ossuaire et du cimetière de Douaumont: les élèves sont très impressionnés par les ossements et les milliers de tombes réunis en ce lieu, tombes chrétiennes, juives et musulmanes. Ils prennent conscience du sacrifice de ces milliers

d’hommes, souvent très jeunes, venus combattre pour défendre leur patrie, parfois de très loin    (soldats des colonies d’Afrique).

  • au retour, passage devant le cimetière du Faubourg Pavé où reposent les corps des soldats inconnus qui n’ont pas été choisis pour reposer à Paris sous l’Arc de Triomphe.

 

Tout au long de la journée, les élèves complètent un dossier pédagogique qui est évalué et qu’ils pourront garder en souvenir ….

 

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Pef à la bibliothèque d’Asfeld

Par Aurore CINGET dans la catégorie C.D.I., Français, Non classé

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Notre exposition autour de Pef s’exporte en dehors du collège: elle a trouvé sa place à la bibliothèque d’Asfeld afin qu’un plus grand nombre puisse la lire.

 

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Visite de Pef au collège

Par Aurore CINGET dans la catégorie C.D.I., Français

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Visite de l’auteur et illustrateur PEF au collège d’Asfeld le vendredi 27 mars 2015

L’auteur et illustrateur PEF, (Pierre Elie Ferrier) créateur notamment du célèbre « Prince de Motordu » (son mécène, le personnage grâce auquel il gagne sa vie) a rendu visite durant deux jours aux élèves ardennais en terminant par le collège d’Asfeld le vendredi 27 mars 2015.

Afin de préparer la rencontre, des élèves de 3ème et de 6ème ont lu de nombreux albums de PEF, écrit à leur tour de petits textes en rapport avec les œuvres de l’auteur, et préparé des questions afin de mieux comprendre le travail de l’écrivain et dessinateur.

Les échanges entre les élèves et l’auteur furent d’une réjouissante richesse : chaque question posée par les collégiens semblait ouvrir un livre entier tant le talent et la bienveillance de l’écrivain étaient aussi perceptibles dans ses réponses que dans son œuvre. PEF sait donner vie à des histoires non seulement par la plume et le crayon, mais aussi par la parole. C’est un conteur qui sait captiver son auditoire par son imagination et la tendre générosité qu’il accorde sans compter à son jeune public.

Ainsi les élèves sont-ils encore éblouis par ces véritables moments de poésie en direct, lorsque se déploient des méditations métaphoriques sur la lecture ou l’écriture. « Ah, la lecture ! On ne lit pas que des livres, mais aussi des paysages, des nuages qui se reflètent dans une flaque d’eau et avancent avec vous. Lire, c’est être au monde, voir et savoir écouter. Avez-vous déjà collé votre oreille au tronc d’un peuplier pour écouter le tam-tam quand le vent le frappe avec ses petites branches en automne ? »

A la question « Préférez-vous écrire ou dessiner ? », la réponse est une image. Quoi de plus naturel pour un auteur-illustrateur que de modeler la langue sous la justesse d’un regard ? PEF dessine en parlant et écrit en voyant. « Le dessin est une langue. Un livre illustré est un livre bilingue. » ou encore «  Je suis dans une barque. Parfois, la vague créatrice est en écriture, parfois en dessin. Je me laisse porter par elle. » Tel est le génie de l’inspiration. A des questions mille fois entendues, la réponse reste toujours offerte comme un cadeau, un poème miroitant au soleil de l’instant.

Quand sait-il qu’un sujet donnera naissance à un nouveau livre ?

« Lorsqu’une idée tourne dans la tête, il faut qu’elle sorte à un moment ou à un autre. Parfois par l’oeil qui pleure, parfois par la parole, parfois par la plume qui écrit, parfois par le doigt qui dessine »

La naissance de son goût pour l’écriture ? « Au CP, en découvrant que la petite ficelle d’encre qui forme les lettres est un dessin qui crée un son. Miracle ! » Et plus tard, par la lecture : « Je suis passé directement de Michka l’ourson aux alexandrins de Racine. Je n’y comprenais pas grand-chose, mais quelle musique ! »

La musique des mots, Pef y est particulièrement sensible puisqu’il fonde une grande partie de son œuvre sur la sonorité de la langue, créatrice de sens et de non-sens, le Prince de Motordu jouant avec les assonances et autres allitérations. Amour de la langue, amour des enfants, amour de la langue des enfants, qui transparaît notamment dans le titre de cet inventaire émouvant et poétique qui suggère tout un univers à partir d’un infime détail : « Liste générale de tous les enfants du monde entier ». La redondance y est assumée avec un art maîtrisé, brandie comme un étendard mimétique de l’enthousiasme enfantin exprimé sans mesure.

Parfois aussi, l’émotion est palpable, à l’évocation des souvenirs qui firent naître ses nombreux albums sur la guerre : une photo des camps de concentration sur le journal que l’enfant de 6 ans est allé chercher pour ses parents : « toute la vie se loge dans la distance que parcourt le regard entre le gris terrifiant de l’horreur et le bleu du ciel qui demeure en contraste » ; une rescapée des camps de concentration soudain assaillie, au beau milieu d’une gaie réunion amicale, par « la meute de ses cauchemars » ; des enfants déchiquetés par des mines ; une tartine de beurre et de chocolat offerte par sa grand-mère à l’enfant qu’il fut, né en 1939, affamé par les six ans de privations de la Seconde Guerre Mondiale ; les assassinats des amis dessinateurs de Charlie Hebdo.

PEF aussi commença à dessiner contre la guerre. Dans « ma Guerre de Cent ans », son autobiographie, celles du XXème siècle sont omniprésentes. Aujourd’hui comme toujours, le combat du crayon contre la barbarie, pour l’épanouissement de la paix et des enfants demeure hélas toujours d’actualité.

 


 

Biographie synthétique de PEF

Genèse

Pierre Elie Ferrier, dit PEF est né le 20 mai 1939 à Saint-Jean-des-Vignes, dans le Rhône. L’auteur-illustrateur de littérature pour la jeunesse, fils d’institutrice, a passé une grande partie de son enfance dans les cours de récréation.

Au lycée, il préfère dessiner que copier les cours et gagne le prix d’un concours organisé par un journal.

 Etapes

Il a pratiqué de nombreux métiers, en mettant ses talents de dessinateur ou de raconteur au service des fonctions les plus diverses dans l’industrie automobile, pharmaceutique ; il imagine des méthodes de vente de cosmétiques.

Au début de sa carrière de journaliste, il publie des dessins de presse dans Arts avec Roland Topor qui débutait aussi. Dessinateur et rédacteur du journal Francs-jeux pendant une vingtaine d’années à partir de 1963, il réalise des centaines de reportages et des bandes dessinées et devient plus tard rédacteur en chef de la revue Virgule.

Pef est aussi un dessinateur engagé et militant, un humaniste combattant, crayon à la main, contre la guerre, contre l’illettrisme, contre toutes les formes d’asservissement.

En 1975, il participe avec la chanteuse Anne Sylvestre à la confection de disques pour les petits, ce qui lui permet d’être repéré par des éditeurs de livres pour enfants.

Il travaille en outre pour la télévision en fabriquant la série des Pastagums avec Alain Serres.

« A 38 ans et deux enfants », il dédie son premier livre, « Moi, grand-mère » à la sienne.

A la lecture de cette série de portraits fantaisistes d’aïeules dotées de superpouvoirs, elle doute de la capacité de son petit-fils à devenir sérieux un jour.

En 1980, il invente le personnage de Motordu qui deviendra son mécène de papier, puisque c’est le succès de ce personnage qui lui permet de vivre et de créer selon sa libre inspiration.

Parmi ses œuvres les plus célèbres figure en effet « La belle lisse poire du prince de Motordu », vendue depuis 1980 à plus de 750 000 exemplaires.

Il publie pour les enfants une centaine d’albums illustrés. Sa femme, Geneviève Ferrier, qui est peintre, les met en couleur.

 Aujourd’hui

Quand il n’écrit ni ne dessine, Pef aime aller à la rencontre du vent et du bleu du ciel, se promener sur les sentiers de campagne entre terre et ciel, écouter le chant des feuilles dans les arbres ou dialoguer avec les oiseaux, pister les nuages ou les traces de lapins…

Mais Pef n’a jamais abandonné l’une de ses occupations favorites et est toujours demeuré animateur dans l’âme, puisqu’il consacre beaucoup de son temps à aller au devant de ses jeunes lecteurs, les écoutant et leur parlant, parcourant le monde en lecteur de visages et de paysages, de la France à la Finlande, du Québec au Sénégal, de la Guyane à la Nouvelle-Calédonie, jusqu’à la Serbie alors en guerre.

 


 

Les élèves de 3ème4 au travail !

Découverte de quelques œuvres de Pef chaque lundi au CDI pendant trois mois

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Travaux d’écriture d’après une oeuvre de Pef

Cet original a été offert à Pef en souvenir de ce 27 mars 2015.

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Interview des élèves de 3ème

Adèle Dufour  1°) Avez-vous toujours eu envie de devenir auteur et illustrateur ? Et pourquoi avoir choisi ce métier ?

PEF : Mes parents voulaient que je sois professeur. J’ai fait plusieurs métiers tels que journaliste ou dessinateur humoristique. Mon premier livre, je l’ai écrit à 38 ans et je l’ai dédié à ma grand-mère. Quand elle l’a lu, elle m’a dit «  tu ne seras jamais sérieux, mon Pierrot ! ».

Rita Da Silva 2°) Quels ont été vos premiers sujets de dessin ?

PEF : C’étaient des dessins antimilitaristes !

Lucas Crotti 3°) De quand date la première histoire que vous avez écrite vous-même ? De quoi parlait-elle ?

PEF : Il s’intitulait Moi, ma grand-mère. et parlait de tous les métiers extraordinaires des grands-mères comme  les grands-mères astronautes…mais la plus formidable était finalement la mienne qui m’avait un jour offert une tartine de beurre avec du chocolat, moi qui avais faim, petit, et qui ne connaissait ni le beurre, ni le chocolat !

Julien Joudart 4°) Comment ont réagi vos parents et votre famille quand ils ont su que vous vouliez faire le métier de dessinateur ?

PEF : Mes parents ne pensaient pas un seul instant que j’allais faire ce métier !

Charles Deharbe  5°) Préférez-vous illustrer ou écrire des livres ? Vous sentez-vous plus libre quand vous faites les deux à la fois ?

PEF : Pour moi, écrire, c’est comme dessiner des lettres. Pour que je puisse dessiner, je dois tomber amoureux du texte. Je préfère écrire et dessiner moi-même.

Pauline Frédéric 6°) Parmi vos livres, en avez-vous un que vous préférez aux autres ?

PEF : Je n’ai pas de préférence car tous mes livres sont mes enfants ! Mais il y en a trois que j’affectionne particulièrement : celui que j’ai dédié à ma grand-mère, celui qui m’a fait connaître La Belle Lisse poire du Prince de Motordu et celui que je n’ai pas encore écrit.

Gillian Nottelet 7°) Combien de temps se déroule entre le moment où vous trouvez une source d’inspiration et le moment où vous en faites une œuvre ?

PEF : Cela dépend du livre, ça peut-être long comme rapide. Une fois, j’en ai écrit un en dix minutes ! Et j’ai mis plus d’un an et demi pour écrire Une si jolie poupée.

Léandre Lemaire  8°) Les portraits de La liste générale de tous les enfants du monde entier  semblent inspirés de personnes réelles. Au cours de quelle rencontre ou quel voyage vous est venue l’idée d’écrire ce recueil ?

PEF : J’ai visité beaucoup d’écoles et de collèges et voyagé dans 38 pays. Ce sont tous des enfants que j’ai rencontré et dont j’ai changé les noms pour les besoins du  livre.

Léonie Janson 9°) Le thème de l’aviation revient souvent dans vos œuvres. Comment est née votre passion pour les avions ? Pourquoi n’avez-vous pas voulu devenir pilote ?

PEF : Mes parents ne voulaient pas et je n’étais pas bon en maths ! Pendant la seconde guerre mondiale, j’ai vu de très près, les lunettes que portaient les pilotes et je voulais les mêmes. Alors j’ai fait croire à ma mère que je ne voyais pas bien. Je croyais qu’il s’agissait du même type de lunettes !

Pauline Frédéric 10°) La guerre est un thème récurrent dans vos livres. Par exemple, La Guerre des Cloches est-elle tirée d’une histoire réelle ?

PEF : Non, c’est purement imaginaire ! C’est juste une caricature.

Martin Brodeur 11°) :

11°) En tant que dessinateur engagé, vous avez dû être encore plus touché que nous tous par les assassinats de Charlie Hebdo. Que pensez-vous des récents attentats portant atteinte à la liberté d’expression à travers ces dessinateurs ? Après avoir beaucoup écrit sur les guerres, passées ou lointaines, pensez-vous un jour devoir de nouveau écrire sur une guerre ici et maintenant ?

PEF : Oui, j’ai été très touché pendant trois semaines par cet événement car je connaissais bien Wolinski et Cabu. Ils ont été assassinés pour des dessins !!

Lisa Sergent 12°) Quel est le sujet de votre dernier ou de votre prochain livre ?

PEF : Il sortira bientôt et parlera des Tables de La Fontaine ! J’ai aussi en tête des petites éloges de la lecture mais ce ne sera pas un essai…

 

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Monsieur Giro, principal-adjoint du collège en 2014, à l’initiative de ce projet, est venu en personne assister à cette rencontre pour le grand plaisir de tous. 

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Pef avait apporté des originaux aux élèves

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 A la demande de quelques élèves et en souvenir de sa visite, Pef nous a fait cadeau d’un dessin original qui est maintenant exposé au CDI du site d’Asfeld.

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 Un petit goûter préparé par notre cuisinier, en l’honneur des traditions ardennaises a été offert à Pef et aux élèves après cette rencontre. 

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Interview des élèves du club lecture

Gabin 1°) Qu’est-ce qui vous a donné envie d’écrire des livres ? Y a-t-il eu un déclic particulier ?

PEF : Au CP, en découvrant que la petite ficelle d’encre qui forme les lettres est un dessin qui crée un son. Miracle ! Et plus tard, par la lecture : je suis passé directement de Michka l’ourson aux alexandrins de Racine. Je n’y comprenais pas grand-chose, mais quelle musique ! 

Anselme 2°) Vous êtes nés en 1939, avec la Seconde Guerre Mondiale. Vous avez beaucoup écrit sur cette guerre mais aussi sur de nombreuses autres. Quel est le souvenir le plus marquant que vous en avez gardé personnellement, durant votre enfance ? Pouvez-vous nous raconter ?

PEF : Je me souviens par exemple d’un bombardement où nous étions cachés dans une cave. Soudain, une femme fut prise d’une crise de panique, hurlant et voulant à tout prix sortir de la cave. Il a fallu plusieurs voisins pour arriver à la maîtriser. Un visage déformé par la terreur et un corps saisi de convulsions est un spectacle qui marque à jamais un petit garçon.

Enzo  3°) En dehors de la Seconde Guerre Mondiale, quel est le moment de votre vie qui vous a le plus marqué, ou du moins celui qui a le plus marqué votre œuvre ?

PEF : Il y en a beaucoup, qui marquent différemment. Il est trop difficile de faire un tri.

Bathilde 4°) Comment se passe le moment où un sujet devient une source d’inspiration ? A quel moment savez-vous que vous allez en faire un livre ?

PEF : Un événement vous marque, puis l’idée tourne dans la tête, encore et encore : il faut qu’elle sorte à un moment ou à un autre. Parfois par l’oeil qui pleure, parfois par la parole, parfois par la plume qui écrit, parfois par le doigt qui dessine.

Manon 5°) Avez-vous toujours voulu écrire des livres pour les enfants, ou voudriez-vous aussi écrire pour les adultes ?

PEF : J’aime avant tout l’univers des enfants, mais j’ai aussi écrit mon autobiographie pour les adultes : « Ma Guerre de Cent ans ».

Lucas 6°) Les guerres sont très présentes dans votre œuvre, même la Première Guerre Mondiale que vous n’avez pas connue. Dans « Maudite soit la Guerre », vous parlez d’un petit garçon qui part à la recherche de son père. Vous êtes-vous inspiré d’une histoire réelle ?

PEF : Non, c’est une histoire imaginée par mon ami Didier Daeninckx à partir de la statue d’un petit garçon maudissant les massacres sur un monument aux morts de la Guerre de 1914-1918.

Kelly  7°) « Une si jolie poupée » est un livre vraiment bouleversant, car on ne comprend que peu à peu de quoi cela parle. D’où vous est venue l’idée de faire de l’objet qui leur est le plus cher, un objet fatal pour les enfants ? Cacher des mines dans des jouets, est-ce une réalité ?

Avez-vous rencontré des enfants qui ont été victimes de telles mines ?

PEF : Oui, hélas, des gens sont capables d’inventer de telles choses monstrueuses pour gagner énormément d’argent. Et puis, tuer ou blesser des petites filles grâce à des mines cachées dans des poupées, c’est supprimer de futures mamans de futurs soldats : c’est affaiblir le futur d’une nation. J’ai vu et entendu cela quand je suis allé en Serbie, où des snipers (=des tireurs d’élite embusqués) visaient en particulier les enfants qui allaient à l’école pour les blesser. Ils ne les tuent pas, mais les blessent, ce qui encombre les hôpitaux et affaiblit l’ennemi encore plus. Ils attendaient que les enfants marchent du même pas pour viser plusieurs jambes alignées et les toucher avec une seule balle. C’est un calcul économique et cynique.

Antoine 8°) Quand vous dessinez ou écrivez sur la guerre pour les enfants, vous réussissez à trouver des détails pour faire comprendre et émouvoir sans choquer. Comment faites-vous ?

PEF : C’est dans les détails que l’on trouve la vérité des situations…

Thibaut 9°) Dans « Un violon dans la nuit », vous évoquez les camps de concentration. Quand avez-vous découvert l’horreur de ces déportations ? Avez-vous personnellement connu quelqu’un qui en est revenu ?

PEF : Ma première découverte des camps de concentration fut une photo d’Auschwitz sur le journal que j’étais allé chercher pour mes parents, quand j’avais 6 ans ou guère plus. Il faisait un temps magnifique. Et mon regard allait et venait entre cette photo atroce en noir et blanc et le bleu radieux du ciel, indifférent à cette détresse. Toute la vie se loge dans la distance que parcourt le regard entre le gris terrifiant de l’horreur et le bleu du ciel qui demeure en contraste.

Nous avions aussi une amie rescapée des camps de concentration. Une personne très gaie, très énergique, mais qui, au beau milieu d’une réunion amicale, pouvait être assaillie par la meute de ses souvenirs qui l’attaquaient comme des loups. Alors, elle s’effondrait et éclatait en sanglots. Nous ne pouvions rien faire qu’attendre que ses cauchemars s’affaiblissent un peu. Alors, elle relevait la tête, s’excusait d’avoir laissé libre cours à ses émotions, et redevenait la personne enjouée que nous connaissions.

Vincent 10°) Que pensez-vous des récents événements, des attentats contre des dessinateurs, contre des musées, contre des Juifs ? Sentez-vous le besoin d’écrire sur ces nouvelles formes de guerre ?

PEF : Je ne sais pas.  Je connaissais personnellement certains dessinateurs de Charlie Hebdo. C’étaient des amis. Je suis resté accablé durant des semaines. Il faut laisser le temps de digérer les émotions avant de pouvoir les transformer en écriture, éventuellement. Mais j’ai publié, avec d’autres poètes, quelques textes dans « La Farandole des poètes en colère » : Le Monde est sur le dos d’un crocodile.

Camille 11°) Vous vous êtes toujours battu pour l’éducation et les droits des enfants.

En voyant ce vers quoi dérivent certains jeunes, comment l’expliquez-vous malgré ce qui a été fait pour l’éveil à la culture toutes ces dernières années ?

PEF : Les écrivains et les artistes font ce qu’ils peuvent. Mais ils ne peuvent pas tout. Le monde leur échappe comme à tous.

Samy 12°) Combien de temps mettez-vous à faire un livre ?

PEF : C’est très variable. Cela peut aller de quelques jours à plusieurs mois.

Zélie 13°) Vous avez commencé par le dessin. Avec le temps, qu’est-ce qui prend le plus de place : toujours le dessin, ou l’écriture devient-elle de plus en plus importante ?

PEF : Le dessin est une langue. Un livre illustré est un livre bilingue. Les deux ne sont pas seulement complémentaires. Ils s’expriment à tour de rôle dans ma vie. C’est comme si j’étais dans une barque. Parfois, la vague créatrice est en écriture, parfois en dessin. Je me laisse porter par elle.

Théo 14°) Quelle est la part de réalité et d’imagination dans vos dessins ? Vous documentez-vous beaucoup, et comment ?

PEF : Ah non, je ne me documente pas pour dessiner ! Je ne suis pas un copieur. Je ne reproduis pas le réel. J’imagine, je crée, je laisse ma fantaisie s’exprimer. Si l’on me demande de dessiner un bateau, je ne vais pas copier un bateau réel.

 

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