Voici les poésies à lire pour cette nouvelle période… il faudra en choisir une, la copier sur le cahier et la réciter ensuite en classe. Elle devra être apprise par cœur pour le 21 mars…
Au printemps
La froidure paresseuse
De l’hiver a fait son temps,
Voici la saison joyeuse
Du délicieux printemps.
La terre de fleurette l’est ; La feuillure retournée
Fait ombre dans la forêt.
Tout résonne des voix nettes
De toutes races d’oiseaux,
Par les champs, des alouettes,
Des cygnes dessus les eaux
Aux maisons, les arondelles,
Les rossignols, dans les bois,
En gaies chansons nouvelles.
Exercent leurs belles voix.
Jean–Antoine du Baïf
Au printemps
Regardez les branches,
Comme elles sont blanches.
Il neige des fleurs,
Riant sous la pluie,
Le soleil essuie
Les saules en pleurs,
Et le ciel reflète
Dans la violette
Ses pures couleurs.
La mouche ouvre l’aile,
Et la demoiselle
Aux prunelles d’or,
Au corset de guêpe,
Dépliant son crêpe,
A repris l’essor.
L’eau gaiement babille,
Le goujon frétille :
Un printemps encore.
Théophile Gautier
Pâquerette
Pâquerette, pâquerette,
Il y a des gouttes d’eau
Sur ta collerette
Et tu plies un peu le dos…
Pâquerette, pâquerette,
Le beau soleil printanier
Viendra-t-il les essuyer ?
Pâquerette, pâquerette,
Qui souris près du sentier,
Je te le souhaite…
Pâquerette, pâquerette,
Il y a sur ton coeur d’or
Un frelon en fête ;
Tant il est ivre qu’il dort !
Pâquerette, pâquerette,
L’aile du vent printanier
Va-t-elle le balayer ?
Pâquerette, pâquerette,
Qui rêves près du sentier,
Je te le souhaite.
Philéas LEBESGUE (1869-1958)
Renaissance
Papillons de toutes les couleurs,
Déployez vos ailes de nacre
Car l’air est empreint de douceur
Grâce au printemps dont c’est le sacre !
Fleurs aux beaux pétales colorés,
Laissez planer vos doux parfums
Car cet hiver blanc s’en est allé
Après de longs mois, enfin !
Arbres aux longues branches nues,
Parez-vous de vos habits fleuris
Car à présent le moment est venu
De profiter d’une nouvelle vie.
Insectes, oiseaux et autres petites bêtes,
Réveillez-vous d’un lourd sommeil
Car le printemps est à la fête
Sous l’oeil bienveillant du soleil.
Karine Persillet
Sentier printanier
Il est un sentier creux dans la vallée étroite,
Qui ne sait trop s’il marche à gauche ou bien à droite.
C’est plaisir d’y passer, lorsque moi sur ses bords
Comme un jeune prodigue égrène ses trésors.
L’aubépine fleurit ; les frêles pâquerettes,
Pour fêter le printemps, ont mis leurs collerettes.
La pâle violette, en son réduit obscur,
Timide, essaie au jour son doux regard d’azur,
Et le gai bouton-d’or, lumineuse parcelle,
Pique le gazon vert de sa jaune étincelle.
Le muguet, tout joyeux, agite ses grelots.
Et les sureaux sont blancs de bouquets frais éclos
Les fossés ont des fleurs à remplir vingt corbeilles.
À rendre riche en miel tout un peuple d’abeilles.
Théophile GAUTIER
Premier sourire du printemps
Tandis qu’à leurs oeuvres perverses
Les hommes courent haletants,
Mars qui rit, malgré les averses,
Prépare en secret le printemps.
Pour les petites pâquerettes,
Sournoisement, lorsque tout dort,
Il repasse les collerettes
Et ciselé les boutons d’or.
Dans le verger et dans la vigne,
Il s’en va furtif perruquier,
Avec une houppe de cygne,
Poudrer à frimas l’amandier.
La nature au lit se repose,
Lui, descend au jardin désert
Et lace les boutons de rose
Dans leur corset de velours vert.
Puis, lorsque sa besogne est faite,
Et que son règne va finir,
Au seuil d’avril, tournant la tête,
Il dit : “printemps, tu peux venir.”
Théophile Gautier
Rencontre avec le printemps
Ce matin
Au détour du chemin
Je rencontrai le Printemps.
Vêtu comme un marquis, il avait mis
Des fleurs à son chapeau
Des fleurs à son manteau
Et même sur son dos.
Les unes blanches semées de rouge
D’autres mauves
Et d’autres rouges et d’autres bleues.
Quelle joie c’était pour mes yeux!
Et je lui dis ” Tu es merveilleux”
Et il me regardait
Et il riait, et il riait !
Et ses yeux étaient comme deux fleurs de lumière
Parmi toutes ces fleurs printanières.
Et il s’en fut sur le chemin
En chantant quelque chansonnette.
En sautant un peu sur un pied
Et puis un peu sur l’autre pied,
Comme font les enfants joyeux
Quand ils s’entraînent à quelque jeu.
Et je le vis disparaître au loin,
Avec des fleurs sur son manteau
Avec ses fleurs sur son chapeau.
Et il a ainsi parcouru le monde
Pimpant, joyeux et tout fleuri
Et le monde entier lui a souri.
Henriette AMMEUX-ROUBIN
Printemps
Tout est lumière, tout est joie.
L’araignée au pied diligent
Attache aux tulipes de soie
Les rondes dentelles d’argent.
La frissonnante libellule
Mire les globes de ses yeux
Dans l’étang splendide où pullule
Tout un monde mystérieux.
La rose semble, rajeunie,
S’accoupler au bouton vermeil
L’oiseau chante plein d’harmonie
Dans les rameaux pleins de soleil.
Sous les bois, où tout bruit s’émousse,
Le faon craintif joue en rêvant :
Dans les verts écrins de la mousse,
Luit le scarabée, or vivant.
La lune au jour est tiède et pâle
Comme un joyeux convalescent ;
Tendre, elle ouvre ses yeux d’opale
D’où la douceur du ciel descend !
Tout vit et se pose avec grâce,
Le rayon sur le seuil ouvert,
L’ombre qui fuit sur l’eau qui passe,
Le ciel bleu sur le coteau vert !
La plaine brille, heureuse et pure;
Le bois jase ; l’herbe fleurit.
– Homme ! ne crains rien ! la nature
Sait le grand secret, et sourit.
Victor Hugo