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La sorcière de la rue Mouffetard 2 (Pierre Gripari )

Par Enseignant Cl24 dans la catégorie Vie de l'école

Une fois rentrée chez elle avec le pain, Nadia pris sur le rayonnage une boîte de sauce tomate, et elle se disposait à repartir, lorsque son papa l’arrêta :

–          Et où vas-tu, comme ça ?

–          Je vais porter cette boîte de sauce tomate à une vieille dame qui me l’a demandée.

–          Reste ici, dit Papa Saïd. Si ta vieille dame a besoin de quelque chose, elle n’a qu’à venir elle-même.

 

Nadia, qui était très obéissante, n’insista pas.

 

Mais le lendemain, en faisant les courses, elle fut, pour la seconde fois, arrêtée par la vieille :

–          Eh bien, Nadia ? Et ma sauce tomate ?

–          Je m’excuse, dit Nadia, toute rougissante, mais mon papa n’a pas voulu. Il dit que vous veniez vous-même.

–          C’est bon, dit la vieille, j’irai.

 

Le jour même en effet, elle entrait dans l’épicerie :

–          Bonjour, Monsieur Saïd.

–          Bonjour, Madame.

–          Vous désirez ?

–          Je voudrais Nadia.

–          Hein ?

–          Oh pardon ! Je voulais dire : une boîte de sauce tomate.

–          Ah, bon ! Une petite ou une grande ?

–          Une grande, c’est pour Nadia …

–          Quoi ?

–          Non, non ! Je voulais dire : c’est pour manger des spaghettis.

–          Ah, bien ! Justement, j’ai aussi des spaghettis …

–          Oh, ce n’est pas la peine, j’ai déjà Nadia …

–          Comment ?

–          Excusez-moi, je voulais dire : les spaghettis, je les ai déjà chez moi …

–          En ce cas … voici la boîte.

 

La vieille pris la boîte, la paya, puis, au lieu de partir, se mit à la soupeser :

–          Hum ! C’est peut-être un peu lourd … Est-ce que vous ne pourriez pas …

–          Quoi ?

–          Envoyer Nadia chez moi.

 

Mais Papa Saïd se méfiait.

–          Non, Madame, nous ne livrons pas à domicile. Quant à Nadia, elle a autre chose à faire. Si cette boîte est trop lourde pour vous, et bien, tant pis, vous n’avez qu’à la laisser !

–          C’est bon, dit la sorcière, je l’emporte. Au revoir, Monsieur Saïd !

–          Au revoir, Madame !

Et la sorcière s’en fut avec la boîte de sauce tomate. Une fois rentrée chez elle, elle se dit :

–          J’ai une idée : demain matin, je vais aller rue Mouffetard, et je me déguiserai en marchande. Lorsque Nadia viendra faire les courses pour ses parents, je l’attraperai.